Dans un monde ou les interfaces vocales vont grignoter une part certaine du trafic aujourd’hui dédié aux moteurs de recherche (j’en avais parlé il y un peu plus d’un an), comment faire pour que les mastodontes ne perdent pas les revenus de la publicité ? Chez Google, qui est désormais lancé à pleine vapeur dans l’ère de l’assistanat (OK Google, Google Home), que va-t-il se passer ?
Qui craint les interfaces vocales ?
Et bien ça bouge en arrière-plan. Aussi bien dans les usages des internautes (c’est pratique, la voix et c’est moins fatiguant que de trouver un périphérique allumé, de faire trois clics et de saisir son besoin) que chez les plus grosses sociétés high-tech.
Attention. Tout ne peut pas passer par les requêtes vocal. D’abord toutes les requêtes ne sont pas adaptées à ce type de consultation. Les premières données qui remontent sur les usages liés aux assistants montrent plutôt des besoins sommaires : agenda, météo, écouter de la musique, valider une information, demander une information très simple… Mais même sur ce genre de requête, il y a un manque à gagner. Plus d’Adwords pour Google c’est toujours embêtant. Et plus de revenus publicitaires (aujourd’hui quasiment tous basés sur une consultation d’écran) est très dommageable pour les éditeurs de sites.
La meilleure défense, c’est l’attaque
Deux informations récentes en provenance de chez Google pour pallier aux questions/problèmes évoqués plus haut :
- Pour monétiser une recherche vocale, Google pourrait proposer des publicités audio, suggérer un produit ou renvoyer vers un professionnel sélectionné. Le modèle de rémunération pour Google pourrait se faire à l’exposition à la publicité, à la mise en relation (comme pour Adwords) mais aussi en étant intéressé sur la vente. Rigolo ou cynique (à chacun de voir), Google se positionnerait alors dans le schéma de l’affiliation qu’il n’a jamais bien aimé auprès des SEO. En tant qu’intermédiaire, il pourrait prendre une commission sur les ventes réalisées.
- La régie Adwords sort une nouvelle fonctionnalité de ses cartons : le paiement à la vente effective. Jusqu’à présent, l’annonceur pouvait organiser ses campagnes publicitaires en achetant des impressions, des vues, des clics et faire remonter les conversions (action précise, formulaire rempli, coup de téléphone, vente). Désormais, il sera possible de payer à la vente réellement réalisée. Pas forcément intéressant en B2B, le modèle séduira certainement les ecommerçants qui sont prêts à dépenser en publicité seulement si ça rapporte vraiment des ventes. Derrière, Google pilotera l’ensemble des campagnes avec beaucoup d’IA pour apporter à chacun les ventes possibles par rapport à son coût max défini pour une vente.
Comment feront Amazon Echo et Apple HomePod feront comment ?
En plus d’écouter nos demandes pour mieux les comprendre (rappel : la donnée devient un actif prioritaire pour les GAFAM), les mastodontes de la recherche et de l’assistanat tenteront de nous vendre les produits/services qu’ils auront en catalogue. Pour Amazon, la passerelle avec son immense stock de produits physiques mais aussi numériques (films, musique en streaming) semble cousu de fil blanc. Et Apple ? Du côté de la musique et des films, nul doute qu’il y aura des liens. Au fait, et Facebook ? Ils sont présents sur la réalité virtuelle mais ce n’est pas vraiment la même chose.
La bataille fait donc rage autour de ces objets qui nous assisteront demain. Tout comme la bataille de l’OS, tout comme la bataille du navigateur web, tout comme la bataille du smartphone, on est aujourd’hui face à une nouvelle bataille : celle de l’assistant. Google est très bien placé, Amazon dispose d’un fort capital confiance et sympathie et Apple a des utilisateurs qui délient leurs bourses facilement. Que le meilleur gagne ! En espérant que ce soit au bénéfice de l’utilisateur final.
Photo : WithPress