Tout travail mérite salaire

Coup sur coup en l’espace de deux semaines, j’ai reçu 3 demandes par email en provenance de 3 titres de presse papier qui souhaitaient des photos et / ou du contenu pour des sujets de numéros à venir. Il s’agissait d’un hors série du Dauphiné Libéré, d’un hors série de l’Express ainsi qu’une page d’ouverture pour Pleine Vie. Pour chacune des demandes, le but était d’obtenir des images ou du contenu textuel gratuitement.

Un rapide échange d’email avec l’un deux m’a appris qu’il « […] ne propose rien en échange, si je rétribue les images, c’est auprès d’agence photo […] ». Un autre me demande « […] dans les plus brefs délais […] la programmation de toutes les manifestations […] m’envoyer en priorité les infos pratiques (date/lieu/heure/tarif/tél pour la résa) + une à deux lignes de présentation pour chaque événement, ainsi que 3 photos libres de droit[…] ».

Je suis doublement étonné.

  1. En tant qu’éditeur de sites internet notamment dans le tourisme, il arrive que des particuliers confondent le site officiel d’un OT par exemple avec un de nos sites. Nous renvoyons alors la demande vers le site officiel. Pour un journaliste, je trouve que la pilule est un peu grosse à avaler : les pages de type « à propos » ou « mentions légales » de même que les pieds de pages indiquent bien que les sites que nous éditons ne sont pas liés aux sites officiels. Une des missions de base d’un journaliste n’est-il pas de vérifier ses sources ?
  2. Deuxièmement, je pense que tout travail mérite salaire. Fournir un petit texte sur mesure demande du temps et des compétences rédactionnelles, fournir une photo demande du temps et une certaine maîtrise technique pour réaliser un bon cliché… et il est JUSTE normal d’être rémunéré pour ce travail. Je conçois que tout le monde ne se rend pas compte du travail demandé (surtout lorsqu’il est répété) mais pour des professionnels de la publication, il me semble qu’il s’agit ici de notions ultra basiques. Les personnes qui m’ont demandé gratuitement du contenu travaillent-elles gratuitement ? Certains institutionnels et professionnels du tourisme disposent de banques de photos dans lesquelles les journalistes peuvent piocher sans contre-partie. Cette pratique ne doit pas faire oublier que les photos sont achetées pour cet usage et que si ce n’est pas l’utilisateur final qui paie, c’est quand même quelqu’un.

Travailler gratuitement n’est bénéfique pour personne. Casser les tarifs non plus. Lorsque je vois les travaux que proposent des rédacteurs off-shore, je plains les rédacteurs d’entreprise et les professionnels locaux de l’écrit. Lorsque je vois les prestations graphiques de plateformes à la Fiverr, j’ai mal pour les designers et les graphistes du coin. Et lorsque je vois les offres « faîtes votre site vous-même en choisissant parmi 50 modèles » à la TV, je m’inquiète pour les agences web positionnés uniquement sur les prix.

Ce qui est particulièrement dommage, c’est que les exemples sus-cités ne semblent pas mauvais pour l’oeil non averti. C’est en fouillant un peu que l’on découvre que le contenu est produit de façon industrielle et avec des compétences en français très limité, que les graphismes réalisés sont de simples copiés-collés et que les sites web promis sont uniquement des coquilles vides avec de jolies effets clinquants.

Le travail et la plus-value du vrai pro se situe dans l’exécution technique mais surtout dans le conseil et dans l’expertise acquise : la réalisation proprement dite est comparable à la face visible de l’iceberg alors que c’est essentiellement la partie immergée qui permet d’obtenir satisfaction et qui justifie le prix.

 

Une réflexion sur « Tout travail mérite salaire »

  1. Il faut dire qu’il y a journaliste et journaliste, comme chez les référenceurs. J’ai eu, de mon côté, plusieurs demandes d’éditions de mes propres partitions dans des magazines, manuels ou plaquettes sans proposition de paiement. En général j’accepte contre un lien qui ne sera qu’un lien papier… je dirais que je me fais avoir !

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