Quel avenir pour l’agence web / le créateur de site internet ?

Le web est de plus en plus concurrentiel et avoir une présence en ligne de plus en plus facile. Mais cette situation est aussi une des raisons phare de l’échec des PME sur Internet qui croient qu’en mettant 300 euros dans un site web elle vont être premières sur Google et vont tutoyer les mastodontes du secteur. Avec un marché qui devient enfin mature, le concepteur de site web (freelance ou agence web) est donc en première ligne.

La création de site web : 9 points clés pour expliquer le grand écart

  1. Avec la facilité déconcertante avec laquelle Madame Michu peut réaliser un site web aujourd’hui (je pense aux outils de type CMS et offres SAAS),
  2. Avec la possibilité d’acheter un thème 50 euros qui en vaut 100 fois plus si fait de A à Z (ThemeForest),
  3. Avec les vendeurs de rêve qui expliquent qu’en 5 minutes un site efficace est en ligne (pub TV 1&1),
  4. Avec la concurrence imbattable des auto-entrepreneurs qui parfois sont mauvais et prennent le problème à l’envers (Site ecommerce pour 100 euros = installation Prestashop alors que la solution proposée ne répond pas au besoin exprimé et qu’un simple compte sur une place de marché de type Etsy suffirait),
  5. Avec l’externalisation de la production à des coûts incroyables (Fiverr, sites d’enchères pour freelance),
  6. Avec la complexité croissante et le socle de compétence de plus en plus vaste pour le travailleur du web (standards, vitesse, accessibilité, référencement, newsletter, réseaux sociaux…),
  7. Avec la mauvaise connaissance du web par les clients (j’ai un client qui ne sait pas envoyer d’emails mais qui ne me l’a pas dit tout de suite !),
  8. Avec les exigences croissantes des clients (mais parfois farfelues),
  9. Avec la baisse du prix estimé /ressenti comme juste par les clients,

Difficile de justifier des prix qui ne paraissent pas disproportionnés. Et pourtant l’expertise a un coût que de plus en plus de clients ne voient plus. Les offres clé-en-main avec la fausse promesse de succès sur le web entraînent plusieurs conséquences négatives :

  • Une mauvaise image des professionnels du web (je me suis fait arnaqué !). Très fréquent en SEO avec les offres du type « Votre site dans 20000 annuaires pour 19,99 euros« , il est tout aussi illusoire de faire croire au client que son site web construit pour 5 euros par mois à partir de modèles pré-définis lui apportera de vrais résultats.
  • L’idée que le web ça marche pas. Il est tellement plus simple de se dire qu’Internet n’apporte pas de résultats que d’avouer qu’une mauvaise stratégie est la cause de l’échec du projet. Et Internet est comme les autres secteurs : la qualité se paie, le bas coût n’apporte jamais d’excellents résultats.

Quel avenir pour les différents profils de créateurs de sites web ?

  • Prestataire vendant des sites statiques fait main : il en existe encore ?
  • Prestataire proposant l’intégration de CMS opensource + graphisme + plugin : ça risque de faire mal
  • Prestataire ayant développé leur propre CMS : si réelle plus-value, ça ira
  • Prestataire avec forte technicité et réalisations sur mesure : ça ira
  • Prestataire se focalisant sur le conseil et accessoirement sur la technique : ça ira

Quel positionnement pour le professionnel du web alors ?

  • Être présent sur le créneau du low cost après avoir automatisé le plus possible son outil (offre SAAS e-commerce par exemple).
  • Industrialiser le plus possible (ré-utiliser des fonctionnalités entre clients, pré-formatter les cahiers des charges et les offres) et vendre des offres packagées.
  • Se focaliser sur une niche : Sites internet pour avocats, pour hôtels, pour restaurants
  • Externaliser le plus possible pour conserver ses marges et trouver les bons relais pour un travail de qualité
  • Se positionner local et faire jouer le réseau : confiance et réseau de prescripteurs plutôt que prix
  • Monter en gamme et en taille pour concurrencer les plus grosses agences : nécessite de penser au mieux ses coûts fixes et de renforcer ses équipes avec des personnes talentueuses
  • Se spécialiser sur un aspect du web : accessibilité, mobilité, visibilité, génération de leads, amélioration du CRO
  • Se spécialiser sur un bénéfice client : site livré en 24h, site gratuit si xxx, tarif lié au résultat…
  • Fidéliser la clientèle existante et renforcer les frais récurrents (en vendant des prestations mensuelles / annuelles vraiment utiles)
  • Prendre la tangente : se focaliser sur le conseil, faire de la formation, vendre sa visibilité, devenir éditeur de contenu…

Ce qui m’amène à cette réflexion est la concurrence de plus en plus importante avec des offres à très bas coût. Actuellement, la majorité de mes nouveaux clients viennent du bouche à oreille donc je ne crains pas trop mes rivaux positionnés sur le créneau du prix. Mais à moyen / long terme, la question mérite d’être posée.

Sans apport de valeur, pas d’avenir. Ne reste plus qu’à définir les modalités et le positionnement exact…

40 réflexions au sujet de « Quel avenir pour l’agence web / le créateur de site internet ? »

  1. Je suis globalement du même avis, se différencier et justifier ses tarifs n’est pas toujours évident pour une agence web. Toutefois, ceci est vrai pour les petits et moyens clients, les grands comptes sont généralement plus au courant et là c’est la qualité et les références qui priment.

  2. Merci pour cet article qui renouvelle la réflexion sur ce sujet.

    Pour ma part, je rejoins bien cet idée de la valeur ajoutée par le conseil. D’autant plus que travaillant avec une solution Opensource que je développe depuis 2003 (SoyezCréateurs), j’ai un argument de vente supplémentaire : si un client choisi de faire appel à moi, c’est bien pour l’expertise !

    Et un article dans la même veine que j’ai écrit il y a quelques années : Combien coûte la creation d’un site web ?

  3. Le gros problème ça reste le manque d’argent généralisé. Que ce soit avec les sites web ou le reste, les gens préfèrent souvent ce qui coute le moins cher, sans penser à la qualité de ce qu’ils vont recevoir en échange et quitte à le regretter amèrement ensuite. C’est malheureux mais c’est comme ça et je ne vois pas les choses s’améliorer par le suite…

  4. La clé pour une agence est de se spécialiser que ce soit sur un secteur d’activité, ou une expertise !

  5. Bonjour Christophe,

    Concernant les sites statiques… oui il existe encore des demandes puisque moins cher et sur mesure mais par contre en termes d’efficacité et de rentabilité, ce n’est pas évident.

    Il y a une solution pour une agence Web qui propose de multiples compétences à savoir se lancer dans une activité ou dans un partenariat en mettant à profit toute l’expérience acquise en tant qu’agence Web (SEO, développement, social média…).

  6. Je ne voudrais pas être désagréable avec certaines professions, mais il y a une méthode radicale avec les clients récalcitrants qui trouvent que c’est trop cher : la comparaison avec le tarif horaire du plombier. Voilà.

  7. Bonjour,
    Je ne suis pas surpris des réactions sur le présent et l’avenir des agences web et des professionnels du web… C’est tout à fait vrai et c’est effrayant…

    Et cela a qui la faute ! des années de capitalisme sauvages, pour faire croire à la forte demande des métiers du web, pour avoir plus d’offres que de demandes, celui qui a lu les raisins de la colère de Steinbeck aura compris l’allégorie…

    Il y a de nombreuses entreprises, organismes, institutions, associations qui ne veulent pas s’investir en temps et en apprentissage pour évaluer la qualité d’une prestation, de plus dépenser leur budget communication ou site web, il préfère garder leur argent à la banque en bourse ou dans l’immobilier et exploiter des étudiants ou copinage et faire appel à des bidouilleurs…

    Ces mêmes commanditaires après avoir demandés dix devis pensent faire de bonnes affaires lors du choix du prestataire et leur petite dépense… Ils flairent la bonne affaire, mais ne compte pas tout le temps investi et perdu par les prestataires et le manque à gagner de leur projet sur des années d’activités sur le net…

    C’est ce manque de professionnalisme qui est à proscrire ! racler les tiroirs pour ses vieux jours, c’est dépassé, disons qu’en France de nombreuses entreprises fonctionnent sur ce modèle, moins dépenser et gagnez toujours plus… Résultat, nous serons bientôt derrière l’Europe de l’est, alors que les Allemands, scandinaves… Font la différence par leur professionnalisme et leur politique économique des petites et moyennes entreprises…

  8. Beaucoup de PME préfèrent comme dit Michel plus haut, opter pour des contrats pro/alternance avec des petits jeunes ou des stages mais certains savent quand même ce qu’ils font et ou s’adresser…

  9. Et ne parlons pas des plateformes internationales qui participent à brader les professions, tous domaines confondus.

    Si Fivver s’apparente à de la « prostitution professionnelle consentie », des sites comme oDesk passent outre toutes les législations nationales en proposant des jobs comme reprendre à l’identique un site complet pour 20 $, codage PHP/MySQL pour développement en front et back end pour 150 $, j’en passe et des meilleures. Les candidatures affluent et ce sont bien sûr les propositions les plus au rabais qui décrochent le « contrat », piètre formulaire d’engagement du prestataire envers le commanditaire. Peu importe la qualité ou, pire, si qualité et compétence il y a, ce n’est même plus un argument pour négocier un tarif digne de ce nom. La négociation n’existe d’ailleurs plus : on accepte ou on passe son chemin.

    Quel avenir ? Visiblement pas international pour l’extension de réseau – à moins de facturations absurdes -, et une lutte quotidienne pour assurer le minimum vital au freelance.

  10. Entièrement d’accord. La concurrence est rude : le plus important c’est de fidéliser la clientèle pour survivre à long terme et obtenir de meilleurs résultats.

  11. Le bouche à oreille reste clairement la meilleure façon d’obtenir des clients, mais je pense qu’il va y avoir une épuration du marché, déjà avec l’extermination des auto entrepreneurs, amorcée par le gouvernement, et aussi par google et penguin 2 qui fait des ravages dans les petites entreprises, il ne va rester que les prestataires avec des reins ou un savoir faire solide…

  12. En tous cas, à l’heure actuelle, on peut faire encore des sites qu’on a le temps de concevoir correctement et pour un tarif honnête. Le problème c’est pour référencer ces sites. Ca prend un temps fou ( sauf si on vise vraiment petit: très local, avec au moins un mot clé qui est une ville ou un département ).
    Donc les clients ont de jolis sites, mais personne ne va dessus…
    Donc c’est juste des sites « carte de visite », dont la fréquentation ne vient pas des résultats de recherche, mais des résultats d’un marketing classique, hors internet.

  13. Bonjour,

    Il ne faut pas oublier également qu’un petit commerçant local n’aura pas plusieurs milliers d’euros (comme certaines agences les facturent) dans un site internet d’à peine quelques pages qui certes les aidera, mais ne sera jamais leur moteur de ventes, aussi sans tomber dans le low-coast, des offres à coûts maîtrisés leur seront plus adaptées.
    Ainsi, je pense qu’il faut plusieurs offres car tous les professionnels n’ont pas les mêmes besoins, mais je suis d’accord avec vous: il ne faut pas se brader pour autant et dévaloriser le travail de tout un chacun.

    Cordialement,

    Bruno

  14. Merci pour cet article. Oui il faut automatiser de plus en plus ses tâches, mais quel dommage ! Ces contraintes de budgets et de temps nous invitent/ forcent à ne plus rien faire à la main : pour preuve les sites web qui, comme vous le dites, sont de moins en moins nombreux à être réalisé entièrement à la main.

  15. Très pertinent, merci !

    Comme la technique s’est industrialisée, les artisans du web sont finis.

    C’est la « tertiairisation » du web, à l’instar de nos sociétés modernes : la création de valeur se trouve aujourd’hui dans les services. Et pour les « artisans » qui restent, dans le sur mesure ou la spécialisation, en effet, gage de grande qualité pourvu qu’on y mette le prix.

  16. certainement le secteur risque d etre sinistre d ici peu .

    je suis actuellement en train de me positionner sur du dev pur car c plus rentable (le web on est souvent a 2 doight du travail a perte)

    quand on vois meme des grand compte (renault , ou des grosses production de flims) opter carrement pour une simple page facebook , on se dit clairement que a moins de tres bon contacts ou de creer une plateforme pour generation des dit sites .

    etre rentable releve de la gagure.

  17. Bonjour,

    Belle analyse en effet. Je suis développeur web freelance (en EURL) et je viens de prendre la décision d’arrêter mon activité. Le marché du web n’est pas inexistant, mais y a trop de difficultés :

    – administratives tout d’abord : la liste est longue, la résolution de ceux-ci m’ont pris un temps précieux et m’ont fait perdre de l’argent, je veux dire en perte de temps pure comme en frais divers, bref c’est la France dont se plaignent beaucoup d’entrepreneurs,
    – techniques : comme indiqué dans d’autres réponses, le web devient de plus en plus complexe et chronophage : référencement, performance du temps de chargement, solutions prêtes à l’emploi (CMS etc.) mais qui bugguent dans tous les sens, affichage différent dans les navigateurs (et maintenant les mobiles), documentations souvent imprécises donc ‘Googleliser’… Des millions de blogs pour donner des conseils du genre ‘faites-ci, utilisez ça’, mais pour les solutions techniques qui fonctionnent, là plus personne, débrouillez-vous… reGoogleliser… Bref, on n’avance pas, le client ne comprend pas qu’il ne soit pas encore 1er sur Google etc.
    – Le client justement, parlons-en : pas de budget, pourtant quand il doit payer son comptable ou son avocat il ne discute pas les tarifs, mais en matière d’informatique c’est le cas… c’est comme qui dirait la dernière roue du carrosse, la variable d’ajustement… et en matière de concurrence il y a toujours un étudiant, le fils de la secrétaire qui bidouille des sites, un entrepreneur à 99 € le site (si si ça existe, j’en ai vu un l’autre jour !), un développeur offshore, ou comme dit plus haut une page Facebook, Jimdoo, e-monsite, Skyrock ou je ne sais quoi… Impossible de proposer un tarif jour soi-disant de développeur tel qu’on peut le voir sur le web (genre à partir de 250 € jour, histoire d’avoir un point d’équilibre assurant une rentabilité minimum). La semaine dernière, un gars qui vend une appli métier web en mode SAAS me proposait 900 € par mois, ne voulait pas verser d’acompte, exigeait que je travaille même le dimanche et qu’il y ait une clause de résiliation sans paiement des jours déjà travaillés… Comme je l’ai envoyé paître gentiment il a osé me dire que j’avais un niveau de stagiaire parce que je n’avais pas trouvé ses bugs (pas de contrat pas d’acompte => pas de travail) !

    Ajouter à cela que je suis en province (cela semble plus facile sur Paris dans ce méter) et des pouvoirs publics qui n’ont que faire du numérique en dehors des périodes électorales (voici un an que je demande à être inscrit dans l’annuaire en ligne des entreprises de cette CCI ou d’avoir un petit article dans leur mensuel papier…) et vopilàà j’arrive à saturation : pas d’argent qui rentre, je vis sur le salire de ma compagne, mais bon comme tout le monde on a un loyer à payer, je vais donc arrêter avant de me retrouver SDF.

    Quand il n’y aura plus de pros, le web restera comme il est : des sites bricolés par des amateurs qui se prennent pour des MacGee dans NCIS (j’appuie sur la barre espace et j’ai immédiatement tout ce que je veux, c’est magique !), sans aucune sécurité et qui surtout ne répondent pas à l’essentiel : attirer des clients et faire des ventes.

  18. ces derniers temps je recois encore des demandes de devis mais le coeur n y est plus en effet budjet a la ramasse et c est pas parce que les clients te paient des cacahuètes que ils vont pas te demander le top et te harceler meme a 22h30 du soir.

    j en suis avec mon associe a me rejouir quand on a des devis refuse , c est dire…

  19. Je suis d’accord à vous . Pour les Pro du web, il faut trouver des solutions plus efficaces pour fidéliser la clientèle :
    – Présenter vos prestations sous forme d’un Package par exemple,
    – Proposer une véritable solution pour le client.
    – se concentrer surtout le suivi des projets réaliser, les clients aiment ça !
    Bien sur il y en a d’autres 🙂
    Bon courage

  20. 15 ans de web, et oui 15 ans pour en arriver à un écœurement du web.
    Trop de codes différents, obligation d’utiliser de cms, des thèmes et bien d’autres choses afin de baisser toujours et toujours les prix.

    Plus aucun plaisir et les clients de plus en plus pénibles.
    Comment un domaine comme le web peut devenir aussi exécrable.
    Plus moyen de vendre une journée au dessus de 500 € alors que les charges de ma SARL sont toujours de plus en plus hautes !

    Bref c.est bientôt la fin pour moi aussi …

  21. Bonjour tout le monde,

    Je félicite tout d’abord Christophe pour cet article et cette analyse qui pose une bonne partie du problème très critique qui touche les professionnels du web depuis 2~3 ans. Je travaille dans le web depuis plus de 15 ans et il y a clairement un problème qui ne fait que s’amplifier depuis environ 3 ~4 ans. D’ailleurs, au même moment l’an dernier, -début 2013 donc-, quelques articles annonçaient la mort de beaucoup d’agences web.

    Il en est question dans l’article mais peut-être pas suffisamment : avez-vous remarqué que désormais quasiment tous les gros hébergeurs proposent d’emblée une solution pour créer son site soi-même ? Cela vient s’ajouter aux Wix, Jimdo, e-monsite et autres solutions de ce type. D’un autre côté, pour les agences-web qui s’étaient fortement tournées vers le marketing digital et notamment le référencement naturel, les mises à jour très agressives de Google depuis le fameux Penguin en 2012 ont porté un autre coup très dur. En effet, il n’est plus possible aujourd’hui de faire monter le site d’un client dans Google pour les mêmes budgets, il faut quasiment 10 fois plus de travail aujourd’hui pour arriver plus ou moins aux mêmes résultats. Le souci c’est que le client qui avait un contrat à 300 € / mois et qui s’est pris une claque à cause de Penguin parce que le référencement semi-automatisé fonctionnait très bien jusqu’en 2012 et bien il ne renouvelle pas son contrat si le prestataire n’a pas corrigé la situation avant la fin du contrat en cours, et on ne parle évidemment pas d’une renégociation à la hausse du montant de celui-ci…

    On a également à faire face à de plus en plus de mastodontes, comme les Pages Jaunes, qui ont de toute manière une force de vente pour leurs annuaires. Il leur suffit d’utiliser leur force de vente existante pour vendre en plus d’une inscription dans les Pages Jaunes un site internet avec des argumentaires construits par des pros du marketing, renforcés par des stages par lesquels tous les commerciaux de la société passent afin de répondre efficacement à toutes les objections qui peuvent se présenter… Et les Pages Jaunes sont maintenant concurrencées de manière frontale par de jeunes boites comme Géolid, qui proposent plus ou moins le même service mais plus axé sur la conjonction site + AdWords. Cette boite est toute jeune mais ils emploient déjà 130 personnes, c’est juste incroyable tout de même !

    Et il y a eu cette grosse opération conjointe entre Oxatis et Google (rien que ça !) qui s’est déployée sur toute la France, à renforts de publicité sur quasiment tous les supports possibles et imaginables pendant des mois, il y a à peine plus d’un an.

    A côté de ça, en travaillant au sein d’une petite agence-web qui emploie une dizaine de personnes et produit des sites avec des niveaux de qualité élevés, je suis sidérée de l’amateurisme que j’observe sur 95% des sites que je suis amenée à visiter. Je passe la plupart du temps sur l’aspect graphisme, parce que je sais bien, « les goûts et les couleurs… » mais quand même, quoi ! Non, je parle par exemple des temps de chargement, de l’optimisation du code et des images au niveau performance ou SEO, de tous ces aspects. Et puis évidemment de toute la partie éditoriale et marketing qui de toute évidence, sur la plupart des sites que je visite, ne ressemble strictement à rien. On n’est absolument pas guidés dans la visite, aucun tunnel de conversion ne semble avoir été mis en place, bref… Et je suis sidérée que des boites qui se portent pourtant vraiment bien financièrement si on accède à leurs chiffres comptables, fassent appel à des agences qui pondent des sites pour 500 €. Je l’ai encore vu dernièremenent pour une société de restauration lyonnaise qui possède 10 restaurants, génère plusieurs millions d’euros de CA et dégage un résultat net avant impôt de 798.000 € !

    Parlons d’ailleurs des clients : oui, ils sont de plus en plus nombreux à penser qu’un site web ça ne vaut pas plus de 600 ou 1.000 €, à vouloir qu’on fasse les choses comme ils l’entendent eux, à vouloir nous « tenir le crayon » en dépît de notre formation, de notre expérience, de notre savoir-faire et de tout ce qu’ils ignorent au passage… Comme si notre seule plus-value c’était de savoir maîtriser des outils qu’ils n’ont pas le temps ou la volonté d’apprendre à utiliser. Ce n’est donc pas étonnant qu’ils se tournent massivement aujourd’hui vers ces offres à moins de 30 € / mois pour créer eux-mêmes leur propre site. Ils doivent se sentir libérés de cette dépendance coûteuse qui les liait à nous, agences web, développeurs et webmasters. Parce que oui, ces clients semblent choqués de devoir nous payer simplement décemment, c’est-à-dire 350 ~ 450 € par jour de travail, ce qui est juste décent lorsqu’on analyse les coûts.

    En conclusion, j’ajouterai que les acteurs du web qui ont vendu et qui vendent encore aujourd’hui des « sites » à 300, 600 ou 800 € ont contribué à dévaloriser notre métier de manière extrêmement efficace. Nous avons justement un impayé cette année avec une consultante, ancienne dirigeante d’entreprise, au train de vie élevé, qui nous a fait faire son site parce qu’elle connaissait personnellement la Présidente de notre société. Après nous avoir fait travailler pendant plus de 6 semaines, provoqué des réunions de travail à l’agence avec graphiste, développeur, rédactrice et chef de projet etc elle a refusé de payer lorsqu’elle a vu la facture arriver (et pourtant, celle-ci était très contenue : 2.700 € HT). Pour elle, tout ce travail ne valait pas plus de 500 à 1.000 €. Ca veut dire que les gens veulent fixer nos tarifs à notre place maintenant et en dépît de nos coûts salariaux, de nos compétences, du temps que l’on passe sur leur projet et des frais de structure… C’est devenu complètement dingue !

    J’observe une division du marché en 3 partie : les low-discounters du web qui se partageront les clients qui n’ont pas de budget vont sans doute disparaître car ce qu’ils proposent n’a que peu de valeur ajoutée par rapport à un site fait via un site-builder type 1&1. Les très grosses boites style Pages Jaunes, Géolid, Oxatis et compagnie se partageront majoritairement le réservoir de clientèle le plus conséquent, parce qu’ils offrent une gestion transversale du projet incluant la partie marketing, et enfin les agences prestigieuses, celles qui décrochent des récompenses internationales pour certains sites se partageront les dossiers les plus élitistes.

    Dans un tel contexte, il n’est pas superflu de vous souhaite un bon courage à tous !

  22. Je vois que je ne suis pas le seul à arrêter. Dans ma région 3 sites internet régionaux viennent d’arrêter : l’annuaire régional « historique » et précurseur qui existait depuis une dizaine d’année et qui était aussi la plus grosse agence web du coin, un site régional d’actualités économiques qui existait lui aussi depuis une dizaine d’années et un site de presse indépendante Les CCI locales ne font absolument rien pour le numérique, l’une d’elle fait prochainement une conférence pour les entrepreneurs intitulée « Comment innover sans se faire dépouiller » !

    De toute façon je vois passer sur le web (je suis au chômage, j’ai le temps) de plus en plus de développeurs et référenceurs freelance qui arrêtent leur activité : pour le référencement par exemple il faut un vrai budget pour un véritable résultat, et ce budget les entreprises ne l’ont pas. Dire à un prospect qu’il va lui falloir 5000 euros minimum pour une prestation de référencement aux résultats incertains, lui dire qu’il faut revoir (pour ne pas dire refaire) dans la plupart des cas son site internet de A à Z, ça passe de plus en plus mal semble-t-il. Ce que je vois aussi dans les offres d’emploi c’est que beaucoup d’entreprises préfèrent intégrer un webmaster tout terrain en interne, avec un salaire au ras des pâquerettes (SMIC), pour gérer leur site internet au lieu de passer par des prestataires dont le coût est évidemment plus élevé qu’un salarié. Bref quand je vois comment tout ça a évolué cette année je me dis que j’ai bien fait d’arrêter.

  23. Oui, Geolid ne revendique que 60 personnes, il faut voir aussi la réalité interne. Sont-ils bénéficiaires, les clients sont-ils satisfaits ?…Curieusement, ils ont besoin d’utiliser des arguments marketing basiques : des milliers de clients (invérifiables), prestation délivrées en un mois (y compris au mois d’août ?), certifié par Google (ah, vraiment ?)

    Il serait très facile de se grouper à plusieurs indépendants pour fournir les mêmes services.
    Il faut en avoir la volonté. Vous vous êtes très focalisé sur la partie technique et de faire le maximum avec la plus petite structure possible. Quand je vois les annonces pour recruter que certaines petites agences passent en espèrant toujours le mouton à cinq pattes, jeune diplômé avec 10 ans d’expériences, alors que le patron est autodidacte, je me dis qu’effectivement il y a un problème, mais la solution est en nous.

  24. Régis, vous me contredites quant aux 130 personnes employées par Géolid, vous mettez en doute leur partenariat avec Google AdWords, donnez-moi vos sources s’il vous plait. En voici deux pour ce qui me concerne :

    1/ Les Echos : http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/success-stories/geolid-la-pepite-de-la-publicite-geolocalisee-100419.php

    2/ Lyon Entreprises : http://www.lyon-entreprises.com/News/L-article-du-jour/Le-Grand-Lyon-compte-deux-nouvelles-Pepites-Geolid-et-Technomark,i49266.html

    Les regroupements d’indépendants ne fonctionnent pas bien et on n’a jamais rien fait de mieux au niveau des organisations que d’avoir un capitaine qui prend les décisions avec une assemblée consultative pour l’aider à entrevoir tous les enjeux. Beaucoup d’agence auraient pu faire comme eux, mais il faut avoir l’idée, l’ambition, et la capacité d' »émouvoir » des partenaires financiers pour qu’ils injectent des fonds dans l’aventure. La dernière levée de fonds de Géolid était de 3 M€ je crois, et cela lève les doutes que vous semblez avoir quant au volume de leur activité. Vous croyez que des investisseurs posent de l’argent sur la table sans accéder aux chiffres ?

    Quant aux patrons autodidactes, où est le problème ? Un patron doit avoir une vue globale, des qualités managériales et commerciales, ce n’est pas un spécialiste ou un violon solo mais bien un chef d’orchestre. Non ?

    Amicalement,
    Sophie.

  25. Très belle page dont le contenu et les commentaires sonnent le glas d’une profession. j’aimerai rebondir sur ces avis qui peignent un tableau très noir des métiers du web et la difficulté d’en vivre. Aujourd’hui le web est passé à la vitesse supérieure affirmant le dictat des acteurs qui mènent la danse, Google en tête. Oui, un site n’a plus de valeur ajoutée, ce qui compte c’est ce qu’on en dit. Le marketing entrant résume les enjeux et nous renvoi à ce qu’attend Google : Faire de chacun de nous des éditeurs exigeants.

  26. Bonjour,

    Tout cela est bien intéressant et rejoint plutôt ma propre expérience.
    Ce que je trouve inouï, c’est que les commerçants et artisans font difficilement confiance aux artisans du web, même lorsque ceux-ci leur consentent des tarifs défiant toutes concurrence, alors qu’ils signent presque les yeux fermés avec des grosses boîtes hors de prix et qui font vraiment n’importe quoi!
    Allons même plus loin avec les collectivités locales qui n’interrogent même pas les entreprises installées sur leur territoire et qui vont directement voir les agences web hors de prix de la grande ville du département voisin!

  27. Bonjour Patrice,

    Pour les collectivités locales, vous comprenez bien qu’il faut pouvoir produire des références et des garanties de services et d’expertise qu’un artisan du web est très rarement en mesure d’offrir à priori… Tout cela passe d’ailleurs par des appels d’offres et si aucun artisan du web ne dépose d’offres, forcément 🙂

    Pour ce qui concerne les commerçants / artisans, si c’est un prix que vous proposez vous allez vous retrouver avec une concurrence infinie. Si c’est de la plus-value que vous proposez, du conseil, de l’expertise (réelle) alors le marché touché est très différent.

    Enfin, pour ce qui concerne le prix, ce n’est pas parce que les grosses agences sont (beaucoup) plus chères que vous que ce sont elles qui sont « hors de prix » et qui font le mauvais choix. Vous savez, dans le business, ce sont surtout vos chiffres comptables qui vous donnent raison…ou tort. Si vous aimez travailler pour vivoter (tout en permettant à vos clients de s’enrichir grâce à votre labeur) c’est votre droit, mais ne criez pas haro sur les professionnels qui souhaitent vivre décemment de leur activité. Quand on n’appréhende pas toutes les données il est facile de dévaluer le travail des autres…et son coût.

  28. Une levée de fond de 3 M€ pour nourrir 130 personnes, ils ne tiennent même pas un an avec ça… 23000 € par personne 🙂
    Ce ne sont pas les premiers à tenter de mettre le paquet pour tenter de raffler le marché. Faut-il vous rappeler la bulle internet et Vivendi ? Il y en a eu d’autres que l’on a oublié.
    Puisque vous parlez de capitaine, ces structures en ont en général plusieurs, grassement payé, et fort peu de rameurs qui font le vrai bon travail…Comme il ne s’agit que de prestations immatérielles, inutile de vous dire que la rentabilité est forcément discutable.
    Ca ne m’inquiète pas plus que ça, si on sait se fèdérer.

  29. Le but de l’article n’est pas de voir si certaines agences vont dans le mur ou de critiquer leur fonctionnement. Face aux marché, certains ont décidé de « mettre le paquet » comme dit @Regis. C’est leur réponse à la situation que traverse aujourd’hui le petit monde des agences web. Et comme nul n’est devin, nous verrons bien ce qu’il en ressort d’ici 2 / 5 / 10 ans.
    @Regis, pour approfondir un peu, c’est quoi ce projet de « fédération d’indépendants » ?

  30. @ Régis : les 3M€ c’était pour accélérer leur développement, ils ne payent pas leurs salariés avec cette somme, la société génère déjà du CA et elle est rentable. Et elle n’a que 2 directeurs à sa tête. Bref…

  31. @Sophie, donc tu n’as plus qu’à fermer tout de suite, il faut être logique.

    Pour la rentabilité, je regarde là :
    http://www.societe.com/bilan/geolid/504430612201212311.html (2012)
    -866 000 euros de résultats nets. On a pas la même notion de la rentabilité.
    C’est une machine à brûler du cash pour l’instant…
    Chaque salarié ne génère que 77000 € de CA, regardez donc où vous en êtes à titre individuel.

    Cdt

  32. Ah enfin ! Vous vous êtes décidé à vous renseigner sur cette société dont vous parliez visiblement sans la connaître 🙂

    De toute évidence, la gestion et la stratégie ne sont pas votre partie : ils sont en phase de développement et si le compte d’exploitation finalise en négatif c’est parce qu’ils investissent massivement (après avoir procédé à des levées de fonds). Qui plus est, lorsque le business-model est exclusivement basé sur du récurrent c’est du beurre des chiffres comme ceux-là. Ma source n’est pas de tout premier plan quant au taux de churn chez Géolid mais on m’a dit qu’ils conservaient environ 90% de leurs contrats d’une année sur l’autre. Ce qui signifie que leur offre répond aux attentes du marché visé. L’activité étant rentable et industrialisable, il faut la décliner nationalement et prendre des parts de marché pour atteindre une taille critique avant que la concurrence ne réplique.

    Pour notre part nous sommes 12 personnes pour un CA de 840 K€ soit 70 K€ par collaborateur en moyenne (et nous sommes rentables, bien sûr). Publicis-Webformance font 8 M€ pour 138 personnes, soit 58 K€ par collaborateur. Et donc 77 K€ / an et par salarié ça vous parait trop peu ? Dans notre secteur d’activité il n’y a généralement que dans de toutes petites structures qu’on peut parfois voir mieux. Je parle de structures de 1 à 3 personnes avec 1 ou 2 associés travaillant généralement entre 60 et 80 heures par semaine (soit l’équivalent de 2 salariés à 35h). C’est le cas typique d’un freelance confirmé, avec une clientèle établie et fidèle, qui peut boucler une année à plus de 100 K€ tout seul en passant 2 fois plus de temps qu’un salarié et/ou en faisant appel à des co-traitants autour de lui (qui grèvent la rentabilité mais ne sont pas pris en compte dans l’effectif).

    Bon week-end à tous 🙂

  33. La plus grosse erreur d’après moi est de vouloir créer son site puis penser SEO alors que les deux se pensent en même temps. Que ce soit pour la catégorisation ou bien le maillage interne.
    Être développeur avec de solides bases SEO offrent bien des avantages et permet de gonfler les prix pour une prestation classique.

    Cordialement, Mathew.
    ps: revoit l’ancre de lien « Fivver » (peut-être que c’est intentionnel mais je ne crois pas).

  34. Je rejoins Mathew, créer un beau site internet c’est une chose, mais encore faut il qu’il soit visible sur les moteurs de recherche, quid des connaissances SEO de base des développeurs de sites? Ne sont-elles par proche de zéro?

  35. 4 ans apres j ai effectivement completement arrete le dev de site web .
    je ne fait que du dev pur tarifie a la journee et du systeme reseaux (avec vente de matos).

    Resultat je gagne 5 fois plus et je travaille 2 fois moins.

    A bon entendeur.

  36. Très clairement le low cost me parait mort face aux machines de guerre présentes sur le marché.
    En revanche je rejoins Samuel et Mathew : le seo peut être une réelle plus value pour la vente ou la location (beaucoup plus pertinente dans la cadre d’un service de référencement adjoint) d’un site internet et je ne vois pas vraiment l’intérêt que pourrait avoir un entrepreneur à payer cher un site très beau qui serait invisible sur le web, l’objectif n’étant tout de même pas de faire uniquement acte de présence sur le web, mais dans la mesure du possible d’attirer et convertir du prospect.
    Effectivement, c’est une belle performance que la croissance de Geolid, ils font finalement la même chose que les sites pro réalisés par les pagesjaunes : j’en vois souvent en première page des serps, jamais en première position pour le moment (mais je n’ai pas analysé toutes les créations évidement).
    Pour conclure, je ne cracherais pas sur tous les services de sites gratuits, il est possible pour certains de très bien les positionner si on sait y faire.

  37. « Prestataire proposant l’intégration de CMS opensource + graphisme + plugin : ça risque de faire mal »

    En quoi si c’est bien fait et optimisé pour satisfaire le client ?

  38. Bonjour Lasko,
    Cet article à presque 10 ans !
    Pour moi le prestataire qui installe un CMS + un thème + des plugins est un assembleur. Pas de dénigrement, ça fonctionne bien et je travaille avec plusieurs freelances qui ont ce fonctionnement. Je leur renvoie les clients qui ont besoin d’un peu de personnalisation à petit prix. Mais lorsque le prix est plus important que la personnalisation, ces clients préfèrent les solutions SAAS. Et j’ai l’impression que la tenaille se resserre pour les assembleurs avec des solutions SAAS qui sont toujours plus performantes et toujours moins chères.
    Pour les assembleurs, il reste donc la cible des clients qui ont un petit budget ET qui ne veulent pas mettre le nez dans leur site : ces clients ne sont pas les bons profils pour moi et mon activité de webmarketing ou j’ai besoin d’une forte implication de la part du client.

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