Le récit d’une faillite sur le web

Aujourd’hui, c’est Thibaut qui prend la plume et qui partage ses mésaventures avec ses sites web touristiques. Thibaut a lancé au fil des années plusieurs sites centrés sur une destination et monétisés par des ventes de leads avec des professionnels sur place. Il m’a contacté il y a quelques jours pour partager son expérience. J’ai accepté volontiers.

Les sites de destinations touristiques de Thibaut ne m’étaient pas inconnus. Avec plusieurs sites nichés sur les destinations de voyage, je suis attentif à ce que font mes confrères. Et je ressens aussi de façon très nette le ralentissement suite au Covid-19 avec des -70% sur le trafic et sur la monétisation de ce type de sites.

Désormais et jusqu’au bout de cet article, c’est Thibaut qui écrit…

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Thibaut, l’auteur invité de cet article

Je vais vous raconter aujourd’hui le pire scénario à craindre pour un entrepreneur : la faillite de son entreprise.

Je n’avais rien vu venir et tout s’est passé si vite qu’à la fin, je n’avais plus que mes yeux pour pleurer.

Ça avait quand même bien commencé, tous les voyants étaient au vert et j’avais même réussi à me faire de bons bénéfices.

Une seule petite erreur a tout chamboulé, une erreur stratégique qui m’a coûté cher.

Un premier blog en 2015

Pour la petite histoire, j’avais créé mon premier blog, bonjourlisbonne.fr en 2015.

C’est un condensé de conseils et de bons plans pour les voyageurs francophones prévoyant d’y organiser un séjour.

Comme j’y vivais depuis 2012, j’avais déjà mes petites idées des bonnes adresses et autres conseils de voyage que j’allais mettre dans mon blog.

En travaillant le référencement du blog, j’ai ainsi gagné un bon positionnement dans les résultats des moteurs de recherche.

Mes efforts ont payé puisque le blog a enregistré un bon trafic, avec près de 60 000 visiteurs uniques la première année.

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J’ai ouvert mon entreprise de tourisme à la même période et comme c’était une entreprise portugaise, j’ai fait appel à un comptable franco-portugais pour m’assister dans les démarches comptables et administratives.

Pour que mon entreprise soit rentable et monétiser le blog, j’ai misé sur des partenariats avec des établissements œuvrant également dans le secteur du tourisme à savoir des hôtels, des restaurants et des bars.

J’ai aussi fait de l’affiliation à des sites de prestation touristique proposant des activités sur place (tour à vélo, croisière sur le fleuve, etc.) et à des sites de ventes de billets et pass en ligne.

Parmi les prestations proposées par l’entreprise, j’ai aussi créé des visites guidées privées.

Globalement, mon but a été de supprimer tous les intermédiaires possibles pour avoir les commissions les plus élevées. Cela prend plus de temps et demande de la gestion, mais cela vaut le coup.

Une petite entreprise ne marche pas toute seule. Tout seul, je n’arriverais aussi à rien. C’est pour cela que j’ai engagé des personnes pour m’assister sur certaines tâches. C’étaient des freelances pour la plupart et rémunérés à l’heure, au projet ou aux résultats. Cela me donnait plus de flexibilité et c’était un paiement « juste ».

Ils se chargeaient de la rédaction de contenus pour le blog et de la gestion de nouveaux partenariats. D’autres assuraient la présence sur les réseaux sociaux et des visites. Pour ma part, je m’attelais à renforcer la partie référencement et communication dans l’objectif de toucher le plus grand nombre de gens, en me plaçant notamment sur Youtube.

La chance était de mon côté, car Lisbonne était devenue LA destination du moment. Le trafic est en hausse et le blog enregistre plus de 650 000 visiteurs uniques cette année-là.

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Grâce au blog bonjourlisbonne et nos efforts combinés, j’ai pu dégager un bénéfice de 3 000 € par mois en moyenne 2 ans après son lancement.

Un deuxième blog en 2017

En 2017, je lance le blog bonjourbarcelone.fr.

J’avais déjà eu l’occasion de visiter la ville plusieurs fois auparavant, mais je me devais tout de même d’engager des gens pour m’assister sur place.

De mon côté, je travaille dur aussi pour gérer l’aspect communication et référencement des blogs comme pour le premier.

On y a mis les efforts nécessaires, mais parfois même si l’on y met du sien, il y a des projets qui n’aboutissent pas.

Ce fut le cas pour Barcelone, comme c’est une ville très touristique et donc, très concurrentielle, j’ai eu un peu de mal à m’imposer au milieu des autres entreprises touristiques déjà présentes.

Je perds de l’argent dessus, mais cela ne m’arrête pas. Je me dis qu’il n’y a pas de réussite facile ni d’échecs définitifs alors je me reprends et décide d’arrêter l’activité à Barcelone.

Le blog sur Lisbonne continue de me rapporter et l’entreprise se porte bien donc je ne me fais pas trop de mourrons.

Un troisième blog en 2019

En 2019, je lance un autre blog, bonjourrome.fr, cette fois axée sur la capitale italienne.

J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs fois Rome, ce qui fait que j’ai déjà une bonne idée de tout ce qu’il y a à mettre en avant sur le blog.

Au printemps 2019, je redouble d’effort pour lancer le nouveau blog et je m’entoure encore une fois d’une équipe pour m’assister dans ce nouveau projet.

Je répète le même procédé que pour Lisbonne, mais je refrène un peu mon enthousiasme côté financement.

Aussi, je ne dépense pas au début. À la fin de l’année, les premiers résultats sont là et sont bien plus encourageants que ceux auxquels je pensais.

Le blog sur Rome enregistre 50 000 visiteurs uniques la première année, ce qui représente un bon trafic. On a les demandes de visites et de transferts depuis les aéroports qui augmentent. À cela s’ajoutent les demandes de conseils pour la préparation d’un séjour dans la capitale italienne.

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Cela a l’air d’être bien lancé et je me dis que le succès ne se fera pas attendre pour celui-là. Confiant, je choisis ainsi entre octobre 2019 et fin janvier 2020 d’investir la quasi-totalité de l’argent disponible sur le compte de l’entreprise dans le blog sur Rome.

Sur le coup, je n’avais pas réalisé que c’était une grosse erreur stratégique et que j’allais le payer cher par la suite.

L’erreur stratégique

Mon investissement n’aurait pas été vain si tout n’avait pas été chamboulé par l’arrivée du coronavirus. Malheureusement, il a mis tous mes espoirs à néant.

Un mois après cette prise de décision, j’ai vécu le pire scénario à prévoir pour un entrepreneur, j’ai dû tout arrêter !

Le coronavirus touche l’Europe et avec le confinement, les établissements ferment leurs portes un à un. Restaurants, musées et hôtels cessent toute activité et les voyageurs annulent leurs voyages et leurs activités.

Je perds quasiment tous mes clients et les conséquences du coronavirus sont énormes : c’est tout le secteur du tourisme qui est à terre et cela se ressent sur mes blogs.

Je ne perçois plus rien de mes blogs sur Lisbonne et sur Rome depuis la mi-mars.

Je décide de me séparer de mes collaborateurs et je ne me verse plus de salaire. Je dois emprunter de l’argent pour l’hébergement et les logiciels qui permettent aux blogs de rester en ligne.

En quelques semaines, mon entreprise dans le tourisme est passée d’une entreprise à succès à une entreprise en faillite.

Mes partenaires sont nombreux à être en retard de paiement et je ne peux même pas prétendre aux aides que l’état portugais accorde aux petites entreprises.

retard paiement

Ma seule erreur a été d’investir tout mon argent sur le nouveau blog, j’ai vu trop grand, j’ai voulu aller trop vite et au final, je me suis pris un mur. J’aurais dû investir sur 12 mois ou plus.

Tout ce que je peux faire pour le moment, c’est d’attendre que cela passe et que le tourisme reprenne, et de communiquer mon erreur à d’autres entrepreneurs…

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