De la difficulté de lancer un site web

Comment faire lorsque l’on a la triple contrainte suivante en matière de projet web : petit budget, besoin de développement sur mesure, exigence de visibilité ?

La réponse rapide est évidente : on ne peut pas. Malgré tout certains tentent leur chance.

Le projet web en quelques mots

J’ai travaillé courant novembre sur un projet qui se voulait ambitieux et de portée nationale. Dans un marché relativement concurrentiel et basé sur le difficile modèle de la place de marché entre particuliers (un « LeBonCoin » spécialisé), le projet avait pour objectif de se lancer durant les fêtes de fin d’année.

Le principal challenge à relever était simple : générer un important trafic de vendeurs dans un premier temps afin de peupler le site avec des annonces intéressantes puis attirer un nombre conséquent d’acheteurs afin d’enclencher la machine.

Comme l’aspect financier est important sur ce projet, le client a décidé d’internaliser le plus de choses possibles :création de sa charte graphique complète, utilisation du CMS WordPress, achat d’un thème premium de petites annonces, rédaction du contenu, webmastering… Et si tout va bien, d’ici quelques mois, des professionnels se chargeront de faire évoluer l’ensemble.

La proposition faite et le travail réalisé

J’ai exprimé clairement mes réserves quant à la faisabilité du projet et ai malgré tout proposé un plan d’action basé sur plusieurs canaux marketing en accord avec les usages de la cible visée. Par rapport aux échéances, l’achat de trafic via les moteurs de recherche et les réseaux sociaux était indispensable. Mes estimations (achat de visibilité, conversions, métriques métiers) permettaient de dépasser le point mort et au pire de réaliser une opération blanche d’un point de vue financier. L’objectif étant, encore une fois, de lancer le site.

En parallèle, un travail de fond sur l’architecture du site web, la popularité du site web ou encore le contenu était nécessaire afin de disposer d’une base propre et pérenne pour le SEO.

Ma proposition globale a été écartée (« on verra plus tard quand on aura suffisamment de budget pour mener à bien toutes ces actions qui ont l’air intéressantes ») et le client n’a retenu que la portion congrue de mon offre : améliorer le référencement naturel du site web en travaillant principalement sur le fichier robots.txt et le sitemap.xml (c’était l’exigence exprimée). Après m’être soumis à mon devoir de conseil (« Monsieur le client, ce que vous voulez ne servira à rien dans votre cas »), je me suis attelé à la tâche.

Outre les 2 mini prestations exigées par le client, nous avons travaillé l’architecture du site web afin de faciliter le travail de compréhension et d’indexation aux moteurs de recherche. Nos préconisations d’implémentations n’ont, hélas, pas pu être entièrement mises en place (faute de développeur pour réaliser la tâche – c’était de toute façon mission impossible à la vue du budget disponible, des délais attendus et de la complexité exigée).

Un résultat désastreux

Plus d’un mois après la fin de notre intervention, le constat d’échec est patent mais conforme à nos mises en garde :

  • Le trafic n’a pas évolué de façon significative ;
  • La visibilité globale est restée au point mort ;
  • Les annonces ont bien progressé en pourcentage mais le volume reste ridicule (moins de 10);
  • Le moment clé des fêtes est désormais passé.

Qu’en penser ?

Le client avait dès le début une idée bien précise (les fameux points de détails liés au robots.txt et au fichier sitemap.xml). D’ou lui venait cette idée ? Je ne sais pas. En tant que professionnel du web, je lui ai dit ce que je pensais de son idée. Je lui ai surtout proposé une alternative pertinente pour son projet.

Mais que faire lorsqu’en face de nous, nous avons des clients qui ne recherchent qu’un exécutant et qui ne veulent pas écouter ceux dont c’est le métier ? Et bien, on exécute. Et je préfère avoir récupéré cette prestation et l’avoir mis en garde plutôt que ce soit un concurrent qui ait récupéré le projet (en l’encourageant peut-être dans sa voie vouée à l’échec).

Je reste néanmoins triste face à ces cas de figures. Le projet était beau, le client s’investissait réellement dedans mais le résultat était couru d’avance.

4 réflexions au sujet de « De la difficulté de lancer un site web »

  1. Combien de clients sont dans ce cas ? Malheureusement il en existe pas mal.
    Travailler le SEO principalement à travers le fichier robots.txt et le fichier sitemap.xml, on croit rêver.
    Mais comme tu le dis, il faut faire son devoir de conseils en indiquant les limites de telles actions. Et par la suite il vaut mieux que le budget client soit chez soi que chez un concurrent qui fera le job sans indiquer clairement au client qu’il se fourvoie avec sa non compréhension du digital d’aujourd’hui.

  2. Bonjour Christophe,

    Honnêtement quand le cas est désespéré je refuse la mission. En général cela sert d’électrochoc au prospect/client. Qui n’a pas l’habitude de voir un prestataire lui refuser quelque chose.

    J’ai commencer à refuser de faire un travail d’éxécutant il y a plusieurs années toujours en expliquant le sens de mon refus (on évite le « non » sec) et le plan d’actions à suivre.
    Au passage j’avertis le réseau de la demande borné d’un prospect et j’avertis le client que j’en ai parlé au réseau.

    Deux cas de figures sont possible :
    – le prospect est borné, il va trouver un éxécutant et reviendrais 3 à 18 mois après la queue entre les jambes quand il aura compris que s’il fait appel à un professionnel c’est pour avoir un conseil et non pas pour juste éxécuter ce qu’il a en tête.
    – le prospect comprend et change son fusil d’épaule

    Dans tout les cas je gagne le respect des prospects et des clients car je suis « celui qui ose dire non ». J’ai déjà été amené à refuser des sommes à plus de 300k€ car la stratégie de la marque était voué à l’échec. Et je te promet que le silence est pesant lorsqu’il y a 10 personnes autour de la table représentant le client et que toi tu viens leur démonter leur stratégie en justifiant factuellement chaque argument que tu avances. 😉

    Si le client décide de travailler avec moi alors ma légitimité ne sera pas remise en cause, je pourrais faire mon devoir de conseil.

    Au plaisir d’en discuter,
    Pierre

  3. Pourquoi certains prestataires informatiques continuent à proposer leurs services alors qu’ils savent que la cause du futur client est perdu d’avance. Personnellement, je pense que lorsque le client est au courant de tous les paramètres à prendre en compte ainsi que la faisabilité ou non de son projet, c’est à ses risques et périls s’il insiste là-dessus. Le prestataire n’est plus coupable de quoi que ce soit, il ne fait que son boulot.

  4. Je suis souvent dans cette situation également. Comme toi, je donne mon point de vue, je fais mes suggestions au client et je lui dis clairement que je ne suis pas d’accord si c’est le cas. Ensuite, comme c’est lui qui paie, c’est lui qui a le dernier mot naturellement…

    Cependant, j’aime bien ces projets qui semblent voué à l’échec!

    Ça me permet d’essayer de nouvelles approches et de tester de nouvelles choses que je n’aurais pas fait en temps normal et d’observer les résultats. Il y a de nombreux projets qui étaient voué à l’échec mais qui se sont transformé en très grand succès (comme l’iphone à son lancement).

    Alors bon, des fois c’est pas mal d’être payé pour tester des approches qu’on pense perdu d’avance mais d’essayer quand même de trouver des solutions intéressantes. Et parfois ça fini même par donner de nouvelles idées qu’on aurait pas pensé en temps normal 🙂

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